Dans certains domaines la taille compte. Dans la gestion d’actifs c’est particulièrement le cas. Parce que l’argent attire l’argent, il est plus rassurant pour un investisseur de miser sur des fonds importants qui ne risquent pas de fermer dans quelques années par manque de liquidité.
Plus le véhicule est gros, plus le gérant pourra en outre réaliser des économies d’échelle dont il fera profiter ses clients en réduisant ses coûts. Un mouvement qu’illustre la forte montée en puissance des fonds indiciels cotés (ETF) dont certains ont atteint des tailles gigantesques, avec plusieurs centaines de milliards de dollars d’encours.
Dans ce contexte, réussir à se hisser parmi les plus gros acteurs de son secteur est crucial pour les gérants d’actifs. A ce jeu-là, les Américains ont plusieurs longueurs d’avance sur les Européens même si certains, Français et Allemand notamment, se distinguent.
BlacRock et Vanguard loin devant
En croisant les données de classements qui font référence, tels ceux de l’IPE ou du Thinking Ahead Institute, avec les derniers chiffres communiqués par les plus grands gérants d’actifs, L’Agefi a construit son propre palmarès 2024 des principaux acteurs du domaine.
Sans surprise, les deux géants américains de l’industrie, BlackRock et Vanguard, arrivent largement en tête. A fin 2024, le premier affichait plus de 11.500 milliards de dollars d’actifs sous gestion (10.625 milliards d’euros), contre 10.100 milliards pour Vanguard. Dans les deux cas, les encours font la part belle aux ETF. Chez BlackRock, les fonds indiciels pesaient 37% du total, à 4.230 milliards, dont 3.106 milliards dirigés vers des ETF actions.
Derrière ces deux géants, le classement est plus délicat à établir. Sur la base de la stricte gestion d’actifs (asset management), Fidelity Investment complète le podium avec 5.900 milliards de dollars sous gestion. Mais certains acteurs affichent une activité de gestion de fortune (wealth management) très étendue.
La délicate prise en compte de la gestion de fortune
Par exemple, Morgan Stanley revendique «seulement» 1.666 milliards de dollars d’actifs sous gestion dans son pôle Asset Management mais la banque américaine indique que les «actifs totaux de ses clients» en gestion de fortune s’élèvent à 6.194 milliards de dollars. Sur ce montant, une partie seulement donne lieu à des frais de conseil («advisor-led»), à hauteur de 4.758 milliards de dollars, dont 2.347 milliards de dollars occasionnent aussi des commissions («fee-based»).
Chez UBS, qui affiche un profil similaire avec 6.087 milliards d’actifs investis totaux dont 1.773 milliards d’actifs sous gestion en asset management, les actifs générant des commissions en gestion de fortune s’élèvent à 1.816 milliards de dollars.
Dans ce contexte, additionner les chiffres de la gestion de fortune aux actifs sous gestion de l’asset management ne ferait pas grand sens. D’autant qu’une telle opération pourrait donner lieu à des doubles comptages. Une partie des sommes logées dans le wealth management peut en effet être confiée à la branche de gestion d’actifs de la même entreprise.
En l’espèce, l’exemple de Northern Trust est particulièrement éclairant. Le groupe, 20ème de notre classement, revendique 1.300 milliards de dollars d’actifs sous gestion en asset management et 450 milliards en gestion de fortune mais «seulement» 1.600 milliards de dollars au total. Cela signifie qu’environ un tiers, soit 150 milliards de dollars, des sommes comptabilisées en wealth management le sont également en asset management.
Face à cette complexité, nous avons préféré séparer clairement les activités de gestions d’actifs et celles de gestion de fortune dans notre classement dont l’ordre reste déterminé par le poids de l’asset management.
Les groupes français à la manœuvre
En retenant cette méthodologie, les six premiers gestionnaires d’actifs de la planète sont américains, State Street, JPMorgan et Capital Group occupant les quatrième, cinquième et sixième places.
Le premier «pure player» européen est Amundi avec 2.240 milliards d’euros sous gestion à fin 2024 mais, au niveau groupe, Allianz se place devant le Crédit Agricole grâce notamment à ses filiales Pimco (1.521 milliards d’euros sous gestion) et AllianzGI (399 milliards) qui s’ajoutent aux encours de la maison-mère.
Déjà présent dans le top 20, le Français Natixis pourrait se rapprocher du top 10 s’il boucle le rapprochement annoncé avec la gestion d’actifs de l’assureur italien Generali. Combinés, leurs actifs sous gestion devraient dépasser 2.000 milliards de dollars.
Grâce à l’acquisition en cours de finalisation d’Axa IM, BNP Paribas devrait de son côté taper à la porte du Top 20, raison pour laquelle nous l’avons inclus dans notre classement, à la 21ème place.
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