June 18, 2025
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Cyclisme. Professionnelle depuis 2024, ancienne vététiste, maillot arc-en-ciel… Qui est Kim Le Court Pienaar ?


Depuis son arrivée dans le peloton professionnel en début d’année 2024, Kim Le Court Pienaar montre le maillot, selon l’expression consacrée. Ses résultats y sont pour beaucoup, entre sa victoire sur une étape du Tour d’Italie l’an dernier et ses belles performances sur les classiques cette saison (elle a terminé dans le top 6 de Milan-San Remo, du Tour des Flandres et de la Flèche Wallonne). Mais la coureuse de 29 ans peut également compter sur sa tunique ornée d’un arc-en-ciel – celui du drapeau de l’Île Maurice, son pays – pour taper dans l’œil. « Le peloton entier est jaloux de mon maillot », ironise-t-elle, puisque celui-ci ressemble comme deux gouttes d’eau à celui de Lotte Kopecky, la championne du monde. « Si on me confond un peu avec elle ? Non, on me confond tout le temps ! », s’amuse la Mauricienne, qui raconte qu’au dernier Giro « des photographes se trompaient » ou que sur le bord de la route au Tour des Flandres, « les spectateurs criaient “Kopecky, Kopecky”, quand je passais ».

Il y a encore deux ans, rien ne destinait pourtant Kim Le Court Pienaar à s’aligner au départ des mêmes courses que la championne belge, et encore moins à la voir figurer au même échelon de la course que la leader de la SD Worx–Protime. En 2023, loin des Grands Tours, des Ardennaises et autres Monuments, la Mauricienne réside en Afrique du Sud, et brille sur deux prestigieuses courses par étapes… en VTT : la Swiss Epic et la Cape Epic. « Après ça, mon mari (le vététiste sud-africain Ian Pienaar, ndlr) m’a demandé : “Et maintenant, on fait quoi ?”. Il sait que je peux vite m’ennuyer, que je veux toujours faire mieux et là, ce n’était plus possible si je restais sur le VTT », explique-t-elle.

Un premier rendez-vous manqué avec l’Europe

Pour l’aider à aller de l’avant, Ian Pienaar décide de contacter par tous les moyens possibles, par courriel, sur LinkedIn ou même sur Instagram, des équipes du World Tour, en leur indiquant que sa femme cherche un nouveau projet. « Le World Tour, c’était ma seule exigence, parce que j’étais dans une bonne situation en faisant du VTT donc je n’allais pas tout abandonner pour signer dans une Continental. » Plonger dans l’inconnu en Europe, elle en avait de toute façon déjà été vaccinée des années plus tôt, à peine majeure, après avoir rejoint deux petites équipes du Vieux Continent. « J’avais fait des bonnes courses sur route en Afrique du Sud alors que j’étais encore avec les juniors, j’ai terminé 5e des Jeux olympiques de la jeunesse donc j’ai eu des propositions », se souvient-elle.

En 2015 et 2016, alors âgée de 19 ans, elle porte donc successivement les maillots de la formation britannique Matrix Fitness puis de l’équipe basque Bizkaia-Durango. « Honnêtement, ça m’a fait détester le sport », assure Kim (Le Court) Pienaar sans détour. « Je n’avais pas d’aide financière donc mes parents m’aidaient, mais ce n’était pas assez parce que l’Europe, c’est cher quand on vient de Maurice », détaille celle qui a également eu « un choc de culture ». Après avoir disputé quelques courses loin de chez elle (dont la Flèche Wallonne 2016, qu’elle a terminé à la 117e et avant-dernière position, ndlr), elle décide donc de regagner l’Afrique et de retrouver le VTT, la discipline avec laquelle elle a grandi.

L’Afrique du Sud, « un pari osé »

« Elle a toujours été passionnée de vélo, et c’était une de mes premières élèves lorsque j’ai ouvert une section VTT au collège », se souvient Yannick Lincoln, son ancien professeur aujourd’hui directeur du centre national de haute-performance de l’Île Maurice. « J’ai un frère aîné, Olivier, et je faisais tous les sports qu’il pratiquait, sourit Kim (Le Court) Pienaar, qui a également refusé une bourse pour rejoindre une structure de football aux États-Unis à l’âge de 15 ans. À la base, c’était juste un hobby mais comme je voulais être la meilleure dans chaque sport, mes parents m’ont envoyé en Afrique du Sud pour progresser. » « Ce qu’elle aimait par-dessus tout, c’était la compétition », complète Yannick Lincoln, qui se rappelle avoir été « surpris » par sa décision de rejoindre l’Afrique du Sud : « C’était quand même un pari osé, parce qu’on ne se disait pas forcément qu’elle pourrait devenir professionnelle un jour ».

C’est donc à 3 000 kilomètres de Maurice, à Durban (Afrique du Sud), que la jeune Kim continue de grandir. C’est également là qu’elle revient après son année et demie passée en Europe, continuant de disputer à l’occasion quelques courses sur route lors de compétitions continentales ou aux Jeux du Commonwealth en parallèle de ses compétitions de VTT. L’idée de découvrir un jour le World Tour reste « dans un coin de la tête », sans pour autant l’obséder au quotidien. Mais en 2023, la Mauricienne atteint son plafond de verre. « Elle a longtemps progressé normalement, petit à petit. Sauf que cette année-là, il y a eu un énorme changement », estime Yannick Lincoln, qui a disputé l’épreuve olympique de VTT à Rio en 2016.

Des débuts flamboyants

Malgré ses performances et des prises de température de la part d’équipes du World Tour, les contacts avancés tardent à arriver. « Les mois passaient et je perdais beaucoup d’espoir… J’avais commencé à planifier mon année 2024 comme si j’allais continuer à faire du VTT quand finalement, fin novembre, AG Insurance-Soudal m’appelle pour me demander d’être à Calpe (Portugal) deux semaines et demie plus tard pour un stage, puis en Australie en janvier pour les premières courses », détaille Kim Le Court Pienaar, qui a malgré tout pu obtenir un court délai pour terminer sa lune de miel. Une fois passée la peur de sauter le pas, encore traumatisée de ses premières expériences en Europe, elle découvre finalement un environnement ultra-positif : « Quand j’ai rencontré tout le monde, mes coéquipières, le staff, j’ai directement dit à mon mari : “Je me sens comme chez moi ici”. On est comme des princesses, ça n’a rien à voir avec ce que j’ai connu par le passé ».

Débarquée sur la pointe des pieds lors de ce stage au Portugal, la vététiste s’attend alors à être au mieux « une équipière », mais s’inquiète surtout de savoir si elle est en mesure de tenir une course entière dans un peloton. Puis les premières courses en Australie l’ont incité à avoir une toute autre lecture de la situation. Après des places d’honneur sur le Tour Down Under, elle prend la 9e place de la course de la Deakin University. « Tout le monde était content pour moi, mais je ne comprenais pas vraiment pourquoi, parce que je considérais que si je n’étais pas sur le podium, ce n’était pas bien », sourit la Mauricienne.

Une préparation optimale l’hiver dernier

De retour en Europe, celle qui réside aujourd’hui en Espagne confirme lors des premières classiques de la saison, et enchaîne une 23e place au Tour des Flandres puis une 10e sur Paris-Roubaix, pour sa première participation à ces Monuments. « Dans les Flandres, quand je suis revenue dans le bus, notre directrice sportive Jolen d’Hoore m’a dit que de faire ça pour ma première, c’était fort, et qu’on reviendrait pour jouer la gagne en 2025. Franchement, ça m’a fait verser quelques larmes parce que ça m’a fait réaliser que j’avais une carrière dans le cyclisme. » Après s’être hissée dans le top 10 de l’Enfer du Nord, elle se souvient avoir vu « de nombreuses personnes la suivre sur les réseaux sociaux, des agents [la] contacter et d’autres équipes dire “Ah, on aurait dû lui proposer quelque chose”… Mais là, c’était trop tard ».

La suite de la saison la mène sur le Tour d’Italie, où elle remporte la 8e et dernière étape, aux Jeux olympiques puis sur le Tour de France (qu’elle a terminé à la 36e place du classement général). Opérée du poignet après la Grande boucle, elle profite d’une fin d’année 2024 plus calme pour réaliser ses premiers stages en altitude et échanger avec un préparateur mental afin d’arriver « complètement différente » en 2025.

Liège comme dernier objectif du printemps

Dès le début de sa deuxième saison chez les professionnelles, elle brille sur le Tour UAE (3e du général) et prend conscience qu’elle peut franchir des cols plus facilement que ce qu’elle pouvait imaginer jusqu’à présent. Toujours bien placée sur le premier bloc de classiques de l’année, elle décide « avec tristesse » de faire l’impasse sur Roubaix pour « arriver pleinement préparée et en un morceau » dans les Ardennes, sur des profils qui correspondent plus à celle dont l’agilité « est unique » dixit Yannick Lincoln.

Jamais loin des meilleures à Huy mercredi (6e), Kim Le Court Pienaar est prête pour Liège-Bastogne-Liège, « la course sur laquelle [elle a] posé [son] regard ces derniers temps », où elle retrouvera ce dimanche (dès 13h45) Lotte Kopecky. Et si certains se tromperont peut-être encore en la voyant, elle compte bien jouer un mauvais tour à la Belge et aux autres pour continuer à se faire un nom.



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