L’intelligence artificielle est partout, y compris dans les domaines où ne l’attendait pas, comme les soins à domicile. Spécialiste IA au sein d’une entreprise du secteur, Charles-Edouard Bardyn décrit lundi dans La Matinale les enjeux de la santé digitale. Il prône aussi la “copensée” entre l’humain et l’IA.
“On peut faire ce pont entre le numérique et l’humain beaucoup plus facilement et libérer toute une panoplie d’interactions, par exemple faire tomber la barrière des langues”, explique Charles-Edouard Bardyn, chef exécutif IA chez domo.health, entreprise qui fournit une plate-forme de santé digitale pour les soins à domicile, et cofondateur de l’association AI Swiss.
“L’idée est d’apporter de l’IA pour réduire les tâches administratives (des soignants à domicile)”, relate Charles-Edouard Bardyn. Par exemple: “arriver chez un patient avec une information pertinente à portée de main, savoir dans quel ordre on va faire les choses, entrer des observations dans la langue de son choix, récupérer des indications sur ce qui est le plus pertinent de faire ce jour-là selon le contexte”, énumère-t-il. L’IA peut également être utilisée au bureau, notamment pour “affiner des plans de soins”.
Parcours de soins
Domo.health utilise actuellement ce type d’outils pour “tout ce qui est administratif, qui ne nécessite pas de validation clinique”, précise Charles-Edouard Bardyn. “Avec les soins à domicile, on a la possibilité de faire des parcours de soins entiers, numérisés par défaut, aussi pour pouvoir orienter des politiques de prévention”, ajoute-t-il.
L’intégration de ces outils à l’hôpital est toutefois plus compliqué, selon Charles-Edouard Bardyn. “On a 26 systèmes de santé différents qui peinent à s’accorder. Les grands programmes nationaux vont probablement réussir à aller au-delà, mais pour l’instant, l’intégration clinique fait défaut”, poursuit celui qui travaille aussi au CHUV comme responsable datascience au sein du Département des neurosciences cliniques NeuroTech.
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L’humain doit valider les productions IA
Charles-Edouard Bardyn souligne également “la nécessité de laisser l’humain comme validateur des interactions dans toutes les productions d’IA”. Domo.health s’est fixé une limite: “L’interaction IA doit toujours être peu profonde”, indique Charles-Edouard Bardyn, précisant que “tout ce que l’IA fait, on le voit en permanence”, dans le but de garantir une “validation naturelle”.
Le spécialiste répond également à la question de la protection des données. “Aujourd’hui, on a un certain nombre de standards qui permettent de garantir que ces données soient sécurisées”, souligne Charles-Edouard Bardyn. “Cela passe souvent par le cloud”, précise-t-il, rappelant que ces outils sont utilisés très largement dans l’industrie.
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Interview radio: Pietro Bugnon
Adaptation web: Julie Liardet