En ouverture de cette conférence de presse, mardi 18 mars 2025, Laurent Civel, le président de la communauté des communes du Pays Tarusate, ne cachait pas une certaine fierté d’accueillir sur son territoire un « projet historique ». Il faut dire qu’avec une enveloppe annoncée de 1,4 milliard d’euros, « c’est un projet inhabituel pour nous« , confiait l’édile de Rion-des-Landes.
Une surface comprise entre 25 et 30 hectares
Et pour cause, la société Verso Energy, en partenariat avec RYAM, prévoit en effet d’ici à 2030 la mise en service d’une unité de capture de CO2 de production de carburant d’aviation de synthèse. L’unité se déploierait sur une surface comprise entre 25 et 30 hectares, à cheval sur les communes de Tartas et Bégaar.
Avec cette unité, assure Verso Energy et son PDG Antoine Huard, « nous ambitionnons de produire jusqu’à 81 000 tonnes d’e-Saf (électro-carburant d’aviation durable) par an et ainsi éviter l’émission de 250 000 tonnes de CO2 chaque année« . Pour la société parisienne, « c’est une réponse concrète à l’enjeu de la décarbonation du transport aérien dont on prévoit une augmentation significative lors des vingt prochaines années ».
Cinq rencontres publiques
Antoine Huard a tenu à assurer de la « transparence des débats », puisqu’une concertation préalable débute ce mois-ci et durera jusqu’au mois de juin 2025. Héléne Sarriquet, garante de cette concertation préalable pour la Commission Nationale du Débat Public (CNDP), indique que cinq rencontres publiques et quatre rencontres de proximité seront organisées sur le territoire du Pays Tarusate et sur celui du Pays Morcenais. Un moyen d’informer le public pour que ce dernier puisse également « débattre et proposer des solutions alternatives, le cas échéant ».
200 emplois à terme
Selon Verso Energy, ce projet devrait générer à terme plus de 200 emplois directs ou indirects. Pour les travaux, de 800 à 1 200 personnes devraient œuvrer chaque jour pendant trois ans pour la réalisation de l’unité.
Dans les faits, plusieurs questions restent en suspens, notamment l’acquisition des terrains. Verso Energy l’assure, près de la majorité du foncier appartiendrait déjà à RYAM et le reste serait en cours de validation avec les propriétaires. Pour ce qui est du transport électrique, très énergivore pour ce genre de projet, Jérôme Rieu, délégué RTE pour le Sud-Ouest, n’a pas encore validé le poste électrique qui alimentera la future unité. Il parle du poste de Cantegrit situé à Arjuzanx ou celui de Bergé à Bégaar pour un raccordement par voie aérienne. Pour rappel, une ligne 400 000 volts sera nécessaire pour ce projet.
Opposition au projet ?
Concernant le transport du kérosène de synthèse, la ligne de chemin de fer Tartas-Laluque a été évoquée, puisqu’elle a été rénovée en 2023 pour 16,58 millions d’euros par la région Nouvelle-Aquitaine, exclusivement pour le transport de marchandises. Selon les acteurs du projet, le carburant sera ensuite envoyé dans des oléoducs, sans plus de précision à ce stade du projet.
L’actualité de l’usine RYAM décriée depuis de nombreux mois pour des odeurs nauséabondes a été mise sur la table. « C’est bien évidemment indépendant de notre projet », explique Victor Lévy-Frébault, directeur du développement chez Verso Energy. « Nous nous attendons bien évidemment à être confrontés à ce genre de question lors de la concertation préalable, et nous nous attendons aussi à avoir beaucoup de monde. Ce sera une bonne occasion d’expliquer en profondeur notre projet ».
Les associations environnementales ont-elles été mises dans la boucle du projet ? Verso Energy assure que oui, et notamment la Sepanso qui a été « accueillie favorablement » ce projet. Contactez par nos soins, Georges Cingal de la Sepanso Landes nuance cette information, notamment sur le volet électrique : « tant que nous n’avons pas de garantie sur comment sera produite l’électricité, nous restons dans le doute, le projet dans sa globalité est intéressant et innovant, mais nous attendons de voir la suite ».
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