Absent lors de l’inauguration fin mai 2024, Étienne Guyot, préfet de la Gironde, a eu droit, ce mercredi 15 janvier, à une visite de rattrapage de l’usine HDF Energy. Implantée dans la zone industrielle de Blanquefort, l’entreprise entend devenir un acteur mondial de premier plan dans la filière hydrogène. Elle bénéficie pour ce faire du soutien de l’État dans le cadre du plan France 2030 et de la quatrième vague des projets importants d’intérêt européen commun (Piiec) hydrogène.
Si le site industriel sonne encore creux, l’année 2025 marquera un tournant avec la fabrication de la première pile à combustible de forte puissance sur le site girondin. « Les deux précédentes ont été conçues avec Ballard Power Systems, un partenaire canadien. Elles sont d’ailleurs en cours d’acheminement vers la Guyane pour équiper une centrale électrique. Là, il s’agira de la première pile à combustible de 1,5 MW conçue à 100 % par HDF Energy. On démarre en mars », indique le PDG Damien Havard.
Damien Havard et Étienne Guyot ont dévoilé la plaque marquant le soutien du plan France 2030.
Fabien Cottereau / SO
Une certification dans le viseur
Entre les espaces de réception, de stockage et de préparation, la zone de production industrielle, tout a été pensé pour atteindre un standard de qualité élevé. L’entreprise vise cette année la certification ISO 9001. Une pile à combustible de forte puissance ne ressemble évidemment pas à une pile classique. Chaque exemplaire comprend 800 références et 6 000 éléments. Cela va de la petite visserie de quelques grammes aux pièces manufacturées (mécaniques, de chaudronnerie) de plusieurs centaines de kilos. Il faut compter 300 mètres de tuyaux. Le tout est assemblé dans un conteneur de 40 pieds, dont le poids atteint près d’une trentaine de tonnes.
Située sur le terrain des circuits (Ex-Ford), l’usine a été inaugurée le 30 mai 2024. Au total, 85 personnes sont employées à Blanquefort.
Fabien Cottereau / SO
L’usine de 7 000 m² est entièrement dédiée à la fabrication de ces piles à hydrogène multi-mégawatts. Une zone de test autonome et modulable vient d’être finalisée à l’extérieur. Elle comporte un banc recherche et développement pour concevoir de nouvelles applications.
La zone d’assemblage va commencer à se remplir à partir de cette année.
Fabien Cottereau / SO
La zone de test des piles à combustible de forte puissance est située à l’extérieur de l’usine.
Fabien Cottereau / SO
Vers l’indépendance
Le projet industriel repose sur un déploiement concomitant dans trois domaines à forte consommation d’énergie : des centrales électriques à hydrogène, le ferroviaire (locomotives de fret) pour remplacer les moteurs diesel et le transport maritime. Plusieurs projets de centrales produisant une énergie verte sont en cours de négociation dans une trentaine de pays partout dans le monde (Amérique latine, Caraïbes, Asie, Afrique, Europe, Océanie).
Dès 2026, la fabrication des piles pourrait rapidement décoller. HDF Energy se dit prêt
« On sera finalement le premier client de l’usine par nos projets internationaux. C’est une force pour moins dépendre des autres », avance Damien Havard. Bien que le marché soit naissant, la concurrence des États-Unis et de la Chine commence à poindre.
L’hydrogène produit sur place est stocké dans des bouteilles sous une pression de 200 bars
Fabien Cottereau / SO
Dès 2026, la fabrication des piles pourrait rapidement décoller. HDF Energy se dit prêt à cette éventualité. Et le préfet de commenter avec intérêt : « Votre activité coche plusieurs cases : l’innovation, la logique de réindustrialisation et de souveraineté, la décarbonation de secteurs comme les transports et les réseaux électriques. Et grâce à l’export, vous rendez visible le drapeau français. »