May 12, 2025
Technology

De nouvelles caméras à l’IA scrutent votre visage chez les buralistes


En France, la vente de tabac aux mineurs est formellement interdite. Pourtant, il est estimé selon la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives que 94 % des jeunes fumeurs parviennent encore à acheter leurs cigarettes directement chez les buralistes. Face à ce constat alarmant, une solution technologique fait son apparition derrière les comptoirs : MyCheckr, un système d’analyse faciale développé par l’entreprise britannique Innovative Technology.

Une technologie déjà présente en France

Le dispositif MyCheckr s’appuie sur l’intelligence artificielle pour estimer l’âge des clients. Son déploiement connaît une accélération notable : 200 bureaux de tabac français ont déjà franchi le pas. Le système se décline en deux versions pour s’adapter aux besoins et aux budgets des commerçants. Le modèle standard, commercialisé à 480 euros, intègre un écran permettant la diffusion de publicités. Sa version mini, plus abordable à 280 euros, se contente d’un système de voyants lumineux : vert pour les clients estimés majeurs, rouge pour signaler un doute sur l’âge.

Pour maximiser son efficacité, le système est calibré avec une marge de sécurité confortable. En France, l’âge pivot est fixé à 21 ans. Cette approche prudente vise à limiter les erreurs d’estimation qui pourraient conduire à la vente de tabac à des mineurs. En cas de doute signalé par un voyant rouge, le buraliste doit systématiquement demander une pièce d’identité officielle.

Protection des mineurs ou surveillance généralisée ?

L’arrivée de ces caméras dans les bureaux de tabac soulève des interrogations légitimes sur la protection des données personnelles. La CNIL, gardienne de la vie privée numérique des Français, exprime ses réserves. Son principal point d’attention : l’analyse faciale s’applique à tous les clients, y compris ceux qui n’achètent pas de produits soumis à restriction d’âge.

Innovative Technology tente de rassurer en affirmant que MyCheckr n’utilise pas de technologie de reconnaissance faciale à proprement parler. Les analyses seraient réalisées de manière anonyme, sans conservation des données biométriques. Pourtant, le système peut générer des rapports statistiques sur l’âge et le genre des clients. Une capacité dont on imagine l’utilisation commerciale potentielle de ces données, même anonymisées.

La réglementation européenne sur la protection des données (RGPD) impose que seules les informations strictement nécessaires à un objectif précis soient collectées. La CNIL questionne donc la légitimité d’une analyse systématique de tous les clients, considérant qu’elle pourrait constituer une collecte excessive de données personnelles.

Un compromis entre innovation et éthique

L’initiative des buralistes s’inscrit dans un contexte préoccupant. Malgré l’interdiction légale, l’accès des mineurs au tabac reste une réalité massive. Face à ce défi de santé publique, la technologie apparaît comme un outil prometteur pour renforcer les contrôles, tout en simplifiant le quotidien des commerçants.

Cependant, l’équilibre entre protection des mineurs et respect de la vie privée reste délicat. Une piste d’amélioration pourrait être de ne déclencher l’analyse faciale que lors de l’achat de produits réglementés, plutôt que de scanner systématiquement chaque client entrant dans le bureau de tabac.

  • 200 buralistes français utilisent déjà l’analyse faciale pour contrôler l’âge des clients
  • Le système MyCheckr estime l’âge des clients via l’IA, avec un seuil fixé à 21 ans
  • La CNIL s’inquiète d’une possible collecte excessive de données personnelles

📍 Pour ne manquer aucune actualité de Presse-citron, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.



Source link

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *