Le montant est stratosphérique. Presque à donner le tournis. Le groupe Verso Energy va consacrer un investissement de 1,4 milliard d’euros, à l’horizon 2030, afin d’ériger, sur les communes de Tartas et de Bégaar dans les Landes, un site industriel capable de produire du carburant de synthèse pour les avions. Particularité et non des moindres, cette production est réalisée en utilisant le dioxyde de carbone émis par l’usine Ryam (bioraffinerie à Tartas).
« C’est parti de notre volonté de développer des carburants de synthèse », explique Antoine Huard, directeur général et cofondateur de Verso Energy « C’est un carburant que l’on produit sans recourir à la matière fossile. » Le groupe français s’est engouffré dans cette optique suite à une nouvelle réglementation qui obligera, à partir de 2030, les compagnies aériennes au départ de l’Union européenne à utiliser au moins 1,2 % de carburant de synthèse.
De ce fait, Verso Energy déploie une stratégie d’implantation d’usines dans l’Hexagone. En plus des Landes, le groupe va s’installer à Petit-Couronne près de Rouen, à Épinal dans les Vosges et à Saillat-sur-Vienne (Haute-Vienne). « Ce sont des usines assez similaires et qui ont en commun que l’on y travaillera en liaison étroite avec des papetiers », explique le directeur général.
334 000 tonnes de CO2 captées
Dans les Landes, Verso Ernegy et ses différents partenaires prévoient de construire plusieurs unités sur une surface de 25 hectares, notamment une unité de captage. Le groupe, qui se refuse « à couper des arbres », veut travailler avec des papetiers « offrant des volumes de production suffisants ». Le projet landais mise ainsi sur 334 000 tonnes de CO2 captées, chaque année, sur le site de la papeterie Ryam, « voire 350 000 », note Antoine Huard.
Il y aura également des unités de production d’hydrogène par électrolyse ou encore d’e-méthanol. Avec pour objectif la production annuelle de 81 000 tonnes de carburant de synthèse. Le foncier est en cours d’acquisition, une surface cédée par un seul propriétaire. Une partie de ces infrastructures sera à proximité de Ryam et le reste sur d’autres parcelles. « Le gros du travail a été réalisé sur ce point-là, nous avons sécurisé les choses », évoque le cofondateur de Verso Energy.
Réseau de transport d’électricité (RTE) est également l’un des porteurs de ce projet landais, très « énergivore » en électricité. L’entreprise va créer un poste électrique à raccorder au réseau public, via un niveau de tension de raccordement de 400 000 volts, sur une distance d’à peu près neuf kilomètres. « Notre enjeu est de répondre à ces projets industriels », souligne Jérôme Rieu, représentant de RTE.
« Plus cher » que le carburant fossile
Le carburant de synthèse ainsi créé « sera environ trois à cinq fois plus cher » que du carburant fossile. « 80 % du prix du carburant est constitué par le prix de l’électricité », enchaîne le porteur de ce projet titanesque. Pour se faire une petite idée, aujourd’hui, à la sortie de la pompe, la tonne de kérosène oscille entre « 700 et 1 000 euros ».
Côté emplois, le nombre n’est pas encore arrêté avec précision. Il se situera « autour de 200, 250 emplois directs et indirects ». Une aubaine pour la collectivité du Pays tarusate qui compte déjà la bagatelle de 1 200 emplois industriels.
Au cours des prochains mois, ce dossier va se poursuivre avec les études réglementaires, notamment au niveau des concertations préalables. « Tout cela avant le troisième trimestre avec, aussi, un dépôt de permis de construire. Nous avons espoir de débuter le chantier d’ici 2027, si tous les délais sont respectés », ambitionne Antoine Huard. Deux ans seront nécessaires afin de construire tous les équipements de ce site. Et d’honorer la promesse « d’être au rendez-vous de l’année 2030 ».
Un soutien « massif » du territoire
Laurent Civel, président de la communauté du Pays tarusate, se félicite de ce projet et insiste sur le rôle de « facilitateur » joué par la collectivité. « Notre volonté est d’accompagner des projets industriels », ajoute l’élu landais soulignant le caractère « industriel » de ce territoire. Les retombées financières – avec un projet de ce montant-là – ne seront pas anodines pour le Pays tarusate. « Je sais que ça sera conséquent », glisse-t-il sans s’aventurer à donner une somme. De quoi donner cependant des moyens à la collectivité pour « étoffer encore plus son attractivité ».
Du côté de verso Energy, Antoine Huard souligne « le soutien au projet et la forte synergie rencontrée ». « Pour les quelques territoires où les élus n’ont pas exprimé un soutien franc et massif, nous n’avons pas insisté », confirme-t-il. Ce qui n’a pas été le cas des Landes.