June 1, 2025
Energy

les énergies renouvelables ou décarbonées en augmentation en 2024


Tous les samedis on décrypte les enjeux du climat avec François Gemenne, professeur à HEC, président du Conseil scientifique de la Fondation pour la nature et l’homme et membre du GIEC.


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Installation de panneaux solaires en février 2025 à Ecouflant (Maine-et-Loire) (JOSSELIN CLAIR / MAXPPP)

Installation de panneaux solaires en février 2025 à Ecouflant (Maine-et-Loire) (JOSSELIN CLAIR / MAXPPP)

En 2024, plus de 40% de l’électricité dans le monde ont été fournis par des sources d’énergie à bas carbone. 40,9% exactement, d’après le rapport annuel du think-tank Ember, spécialisé dans les questions d’énergie. C’est absolument remarquable, parce que c’est la première fois qu’on passe la barre des 40%, au niveau mondial. Et cette croissance des énergies décarbonées, elle est largement tirée par la croissance de l’énergie solaire, qui était en croissance de 29% en 2024, par rapport à 2023. C’est énorme. L’énergie solaire représente désormais environ 7% de l’électricité produite dans le monde : c’est le double de ce qu’elle représentait il y a à peine deux ans, en 2022.

C’est largement l’effet des énormes investissements chinois dans le solaire : la Chine représente désormais 39% de l’énergie solaire produite dans le monde. La capacité solaire a doublé en deux ans dans le monde, mais elle a carrément triplé en Chine sur la même période. Et en Inde, elle a doublé sur une année. Cela veut dire qu’en Chine et en Inde, on assiste à un découplage des courbes de la demande d’électricité et de la consommation des énergies fossiles : généralement, on avait recours aux énergies fossiles pour satisfaire la hausse de la demande. Et comme la demande d’électricité a augmenté de 4% dans le monde en 2024, cela se traduisait aussi, souvent, par une augmentation du recours aux énergies fossiles. Mais en 2024 en Chine, les énergies renouvelables ont couvert 81% de la hausse de la demande. Et en Inde aussi, le découplage se produit : d’ici 2030, l’Inde pourrait totalement couvrir la hausse de la demande électrique avec des énergies bas-carbone.

C’est une bonne nouvelle, parce qu’on sait que la demande d’électricité va continuer à croître au cours des prochaines années, à la fois à cause du développement économique de certains pays mais aussi à cause de nouveaux usages comme l’intelligence artificielle, et bien sûr, à cause de l’électrification de l’énergie.

Il ne faut pas confondre le mix énergétique avec le mix électrique, alors que c’est une confusion qu’on fait souvent. En France, par exemple, notre production d’électricité est très largement décarbonée, notamment grâce au parc nucléaire. Pourtant nous restons encore très dépendant des énergies fossiles : nous consommons du gaz pour le chauffage des bâtiments et dans l’industrie, nous consommons du pétrole dans les voitures, etc. Un des moyens de sortir des énergies fossiles, c’est évidemment d’électrifier la mobilité, grâce aux voitures électriques, ou le chauffage, grâce aux pompes à chaleur. C’est loin d’être le seul levier, mais c’est un levier important. Sauf que si l’électricité est produite elle aussi à partir d’énergies fossiles, on en revient à la case départ. C’est pour ça que c’est une bonne nouvelle que la hausse de la demande soit comblée par les énergies renouvelables.

Aux Etats-Unis, pour la première fois, les énergies renouvelables ont généré en 2024 davantage d’électricité que le charbon – et c’est au Texas que les énergies renouvelables se sont le plus développées en 2024. En Europe, la seule énergie solaire a réalisé la même performance et a aussi dépassé le charbon pour la première fois en 2024. Et la Chine commence aussi à exporter des panneaux solaires en Afrique, ce qui est essentiel, parce qu’en 2024 il y avait à peu près autant de panneaux solaires en Belgique que sur tout le continent africain.

Il n’y a pas que l’énergie solaire. D’abord il y a l’énergie hydro-électrique, qui représente 14% du mix électrique mondial, et bien sûr l’énergie éolienne, qui continue elle aussi à se développer et représente 8% de la production, et puis évidemment l’énergie nucléaire, qui n’est pas considérée comme une énergie renouvelable, mais qui est bel et bien une énergie bas carbone. Eh bien le nucléaire représente 9% du mix électrique mondial, mais ses parts ne cessent de diminuer : c’était à peu près le double il y a 25 ans.

Cela veut dire que si on veut franchir le seuil de 50% d’électricité décarbonée cette année, il va falloir mettre le paquet et faire encore baisser les prix des énergies bas carbone. Mais l’exemple européen prouve qu’on peut y arriver : dans l’Union européenne, c’est plus de 70% du mix électrique qui est décarboné.





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