Aux États-Unis, deux mois après la signature du décret Unleashing American Energy, dont le but est clairement de favoriser l’extraction des énergies fossiles et de réduire les restrictions environnementales, les contours de la nouvelle politique énergétique de Trump se précisent. Les annonces qui ont été faites récemment à la conférence CERAWeek de Houston confirment en effet la volonté du gouvernement d’augmenter la production nationale de combustibles fossiles, notamment de gaz naturel liquéfié (GNL).
CERAWeek est une importante conférence internationale sur l’énergie qui se déroule chaque année à Houston, au Texas, l’État américain qui produit le plus de pétrole et environ 30 % du gaz naturel du pays.
Le fait que le discours d’ouverture de l’édition 2025 ait été prononcé par le secrétaire américain à l’Énergie, Chris Wright, était un acte symbolique fort, permettant d’enterrer encore un peu plus la politique énergétique de Joe Biden.
Il faut aussi rappeler que Chris Wright est l’ex-PDG de Liberty Energy, l’une des plus grandes entreprises travaillant dans le domaine de la fracturation hydraulique en Amérique du Nord !
Prolongation de permis d’exportation de GNL
Chris Wright a débuté son discours par ces mots : « Il y a un an, mon prédécesseur déclarait sur cette scène que les exportations de GNL seraient bientôt dans le rétroviseur. Réfléchissez-y un instant. Le gaz naturel fournit aujourd’hui 25 % de l’énergie primaire mondiale et a été la source d’énergie qui a connu la croissance la plus rapide au cours des 15 dernières années. »
Cette croissance mondiale du GNL, dopée par la forte demande asiatique, est donc une aubaine pour les groupes pétroliers américains, et il serait dommage de les priver d’un marché aussi stratégique.
Et cet engagement de la Maison-Blanche va au-delà des mots, puisque le ministre de l’Énergie a également annoncé l’autorisation d’étendre le terminal de GNL de Plaquemine, en Louisiane. Par ailleurs, l’autorisation d’exportation pour le projet Venture Global CP2 a été signée, le 20 mars 2025, en grande pompe, à la Maison-Blanche.
Or, il s’agit de la cinquième autorisation de ce type depuis janvier ! Le soutien de Donald Trump au secteur gazier semble donc sans faille, en dépit de la lutte contre le réchauffement climatique, un concept qui n’existe pas, selon lui, car « créé par et pour les Chinois dans le but de rendre l’industrie américaine non compétitive. »
L’achat de GNL américain, un argument de l’UE dans la négociation sur les droits de douane
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, l’Europe est devenue l’un des principaux acheteurs du GNL américain. Néanmoins, la guerre commerciale lancée par Trump et qui implique le Canada, le Mexique, la Chine et l’UE risque de compliquer l’équation, car elle pourrait pousser les pays importateurs à diversifier leurs sources d’approvisionnement.
Mais pour l’UE, l’achat de GNL américain est aussi un argument de poids pour peser dans les négociations au sujet des droits de douane. La Commission européenne planche ainsi sur un paquet de mesures dont le but est d’amadouer les États-Unis. D’ailleurs, Ursula von der Leyen a même évoqué l’augmentation du volume de GNL américain importé, avant même d’engager toute négociation.
Quoi qu’il en soit, certains estiment que la politique étrangère agressive de Trump aura une influence sur les flux énergétiques transatlantiques. Pour Jonathan Elkind, chercheur à l’université Columbia, « le rôle des États-Unis en tant que fournisseur stratégique d’énergie pour l’Europe pourrait être remis en question ».