Sur le papier, le projet, soumis à une concertation préalable (qui va se tenir du 14 avril au 22 juin), n’a pas beaucoup évolué. L’emprise foncière envisagée est toujours de 35 hectares, répartie entre les communes d’Étagnac et de Saillat-sur-Vienne. Mais si l’investissement a été revu à la hausse, c’est aussi qu’il s’agit de produire plus que ce qui était envisagé au départ, « afin de gagner en compétitivité ». Verso Energy compte désormais générer 153.000 tonnes de « kérosène vert » à l’année (l’équivalent de 9.000 allers-retours entre Paris et New-York en Airbus A380 selon l’entreprise).
« Les études de faisabilité ont démontré que l’on pouvait voir encore plus grand. »
Deux mois de concertation publique sont prévus.
Quentin Petit
Une industrie énergivore
L’hydrogène sera issu de l’eau prélevée dans la Vienne, à raison de 225m3 chaque heure, « alors que la Vienne a un débit de 48 000 m3 par heure », a voulu rassurer Victor Lévy-Frébault, directeur du développement chez Verso Energy. Tandis que le CO2 nécessaire sera directement capturé à la papeterie Sylvamo, à raison de 630.000 tonnes chaque année. Tous ces ingrédients transiteront à travers quatre « briques » industrielles, autrement dit des sites, chacun permettant de réaliser une étape dans la production. Le marché à venir est énorme, d’autant que l’Europe oblige les compagnies aériennes à réduire leur bilan carbone.
Particulièrement vorace en électricité, cette unité de production va également nécessiter de très gros moyens pour être alimentée. RTE (Réseau et transport d’électricité) prévoit la construction d’une ligne aérienne de 6 kilomètres, directement branchée sur une ligne à 400 000V. Cette ligne fera l’objet d’une enquête publique séparée. À plein régime, l’usine devrait consommer plus de 700 MWe (megawatt électrique), soit près d’un quart de ce que peut produire la centrale nucléaire de Civaux (86).
Quelles retombées pour le territoire ?
Tout ça « sans produire le moindre rejet de poussière ou d’odeur dans l’atmosphère », promet Verso Energy, si ce n’est de l’oxygène (issu de l’électrolyse pour la production de l’hydrogène). Le calendrier des travaux n’a pas non plus bougé, pour le moment. Le dépôt des permis de construire devrait intervenir début 2026 et la mise en service de l’usine est toujours espérée pour 2030. Le chantier devrait grandement bénéficier à l’économie du territoire, mobilisant près d’un millier d’ouvriers pendant trois ans, avec des pics à 1.800 lors de certaines phases.
Encore faut-il passer l’étape de la concertation préalable, sous l’égide de la commission nationale au débat public.
Les dates de la concertation
La concertation préalable se déroulera du 14 avril au 22 juin et comprendra cinq réunions publiques et quatre rencontres de proximité en Charente et Haute-Vienne. La première réunion publique aura lieu le 16 avril à 18h30 à la salle des fêtes de Saillat-sur-Vienne. La réunion de synthèse se tiendra le 17 juin à Étagnac, à 18h30 à la salle des fêtes.